Vague de mécontentement autour du recensement des Guinéens de l’étranger.
PN-RAVEC : La diaspora guinéenne dénonce un recensement mal organisé et entaché de corruption
Une vague de mécontentement traverse actuellement les communautés guinéennes établies à l’étranger, à la suite du lancement du Programme National de Recensement Administratif à Vocation d’État Civil (PN-RAVEC).
Initiée par les autorités guinéennes, cette opération vise à enrôler les citoyens vivant hors du pays dans le registre national d’état civil. Mais sur le terrain, les témoignages affluent et dénoncent un processus chaotique, injuste et mal encadré.
Dans plusieurs pays, notamment en Allemagne, en Espagne et en France, les Guinéens déplorent des pratiques contraires aux principes de transparence et d’égalité. Une citoyenne guinéenne témoigne depuis l’Allemagne : « Les Guinéens ne peuvent pas changer. On est en train de faire un combat contre la corruption. D’abord, on est là depuis 10h. Maintenant, c’est la corruption qui commence : ils prennent les gens par relation, pas par ordre d’arrivée. Nous avons tous laissé nos familles, nos travaux pour venir. C’est inacceptable. »
D’autres dénoncent des retards et des pannes techniques fréquentes. Un citoyen ajoute : « Le travailleur est arrivé en retard. Et quand il a voulu démarrer, il a endommagé la machine. Il a fallu attendre quelqu’un d’autre pour la réparer. »
Des cas plus graves sont signalés en Espagne, où certains agents recenseurs exigeraient 10 euros aux citoyens pour une opération censée être gratuite, ce qui constitue une forme claire de corruption, largement dénoncée sur les réseaux sociaux par les jeunes de la diaspora.
Le manque d’organisation, le non-respect de l’ordre d’arrivée, la lenteur du traitement informatique et l’absence de communication structurée rendent l’expérience pénible pour de nombreux citoyens. Lonceny Sanoh, témoin de la situation, raconte : « Depuis hier j’étais là. Ils font semblant de respecter l’ordre d’arrivée, mais en réalité, ils prennent les gens en cachette. »
Face à ces dérives, certains membres de la diaspora ont décidé de prendre les choses en main en aidant les autorités sur place à organiser les files d’attente : « Aujourd’hui, vu ce que j’ai vu hier, j’ai proposé de faire une liste d’arrivée et d’appeler les gens dans l’ordre. J’ai ensuite passé la liste à un autre volontaire. Cela a beaucoup aidé », explique un citoyen.
Un autre insiste : « Il ne s’agit pas que de critiquer. Nous avons jugé nécessaire d’aider les autorités, et ils ont accepté. Grâce à cela, aujourd’hui, ça s’est mieux passé. »
Dans certaines villes, notamment a Dortmund, des bagarres ont éclaté entre citoyens, frustrés par l’attente, le non-respect des consignes et l’impression d’être traités de manière inégale. Plusieurs témoins font état de tensions physiques récurrentes, avec des altercations qui nécessitent l’intervention des forces de l’ordre à plusieurs reprises dans la même journée. Face à la violence, certains centres ont été contraints de suspendre les opérations de recensement, privant des centaines de citoyens de leur droit à s’enrôler.
Outre les défaillances logistiques et l’organisation chaotique, les responsables du recensement dénoncent également un manque flagrant de civisme au sein de la communauté : « Personne ne respecte les consignes. Chacun veut passer en premier, chacun pense être plus Guinéen que l’autre. C’est ce comportement qui provoque le désordre », déclare un organisateur exténué.
Des appels au calme et à la discipline ont été lancés, mais semblent peu suivis sur le terrain. Ce climat de tension permanente et d’indiscipline collective rend le travail des agents particulièrement difficile et compromet la réussite du programme.
Beaucoup soulignent que le délai imposé pour ce recensement est trop court pour permettre à tous les Guinéens de l’étranger de s’enrôler. Une meilleure planification dans le temps, associée à une communication renforcée, serait nécessaire pour atteindre l’objectif fixé.
Pour restaurer la confiance et réussir ce recensement, les autorités guinéennes doivent :
Renforcement de la sécurité autour des sites de recensement, avec une présence policière préventive si nécessaire
Mettre en place un système clair et transparent de gestion des files d’attente, basé sur des tickets numérotés ou des listes vérifiables ;
Former correctement les agents recenseurs à la fois sur le plan technique et éthique, pour éviter les lenteurs et les comportements frauduleux ;
Allonger la période de recensement pour permettre à un plus grand nombre de Guinéens de s’enrôler dans de bonnes conditions.
En somme, le recensement est une étape importante, mais il doit être mené de manière équitable, organisée et respectueuse des citoyens. La diaspora guinéenne, acteur clé du développement national, mérite un traitement digne, loin des pratiques opaques et désorganisées.
Le site Les Guinéens de l’Étranger continuera de suivre ce dossier de près et de donner la parole à celles et ceux qui vivent cette réalité au quotidien.