Dadis Camara gracié pour « raisons de santé » : Justice ou calcul politique ?
Moussa Dadis Camara gracié pour raisons de santé : un acte controversé.
L’ancien président guinéen Moussa Dadis Camara a bénéficié d’une grâce présidentielle, a annoncé ce vendredi le porte-parole de la présidence de la République. Selon le général Amara Camara, qui a lu le décret à la télévision nationale, cette décision a été prise « pour des raisons de santé », sur la proposition du Garde des Sceaux.
Le capitaine Moussa Dadis Camara, qui a dirigé la Guinée après un coup d’État en décembre 2008, a été condamné le 31 juillet 2024 à une peine de 20 ans d’emprisonnement pour sa responsabilité dans le massacre du 28 septembre 2009. Ce jour-là, plus de 150 personnes ont perdu la vie lors de la répression sanglante d’une manifestation de l’opposition dans le stade de Conakry. L’événement est resté gravé dans les mémoires comme un épisode tragique et douloureux de l’histoire contemporaine de la Guinée.
Ce procès, qui a duré deux ans, a vu la condamnation de sept autres individus, certains ayant écopé de peines allant de 10 ans à la perpétuité. Cependant, la décision de grâce pour Moussa Dadis Camara a suscité de nombreuses réactions dans le pays et au-delà. Alors que certains saluent cet acte comme un geste humanitaire lié à l’état de santé de l’ex-président, d’autres estiment qu’il s’agit d’une mesure controversée qui pourrait remettre en question la justice pour les victimes du massacre du 28 septembre.
Le général Camara, porte-parole de la présidence, a précisé que cette décision a été prise en tenant compte de la santé « fragile » de l’ancien dirigeant. Mais pour beaucoup, cette grâce soulève des interrogations sur la manière dont la justice est rendue dans un pays qui a encore du mal à se remettre de certaines de ses cicatrices historiques.
Moussa Dadis Camara avait gouverné la Guinée pendant une période de transition après avoir pris le pouvoir à la suite du décès du président Lansana Conté, jusqu’à sa démission en janvier 2010, après une tentative d’assassinat. Ce décret de grâce, bien que justifié par des raisons médicales, vient clôturer un chapitre tumultueux de son passé politique, mais laisse dans l’ombre les attentes de nombreuses victimes et observateurs.
Cette décision de clémence soulève ainsi la question de la réconciliation nationale en Guinée et du poids des responsabilités dans un contexte où la justice semble parfois avoir du mal à faire toute la lumière sur des événements aussi tragiques.